Témoigage de Yves Bongiorno

Monsieur Yves Bongiorno – Membre du conseil de gestion

Depuis plusieurs années je participe au conseil de gestion de l’IAES. La pluridisciplinarité de l’institut m’est apparue comme une grande richesse. L’humain ne peut pas se découper en rondelles, c’est pourquoi cette pluridisciplinarité a une grande utilité sociale. Bien sûr cela n’enlève en rien à la nécessité d’avoir une diversité d’enseignements très spécialisés pour aller au plus loin dans la connaissance mais la pluridisciplinarité joue un rôle irremplaçable en établissant des ponts entre les différentes disciplines. Au moment où des groupes de femmes et d’hommes parfois ne se comprennent pas, où les différentes sciences sont aussi elles même souvent cloisonnées, former des étudiants à une connaissance pluridisciplinaire peut construire un liant indispensable pour une société tournée vers l’émancipation de chaque citoyen.

Au travers de ma présence au conseil je suis témoin de la participation de l’IAES à la construction de ces ponts. Ces ponts ne réduisent en rien le développement de disciplines très spécialisées.

Cette notion de pluridisciplinarité dans l’enseignement n’est pas arrivée en un seul jour. L’idée prend naissance au moment de la construction de l’université de masse dans les années 70. Les évènements de mai 1968 avaient conduit les pouvoirs publics à réformer en urgence et profondément le système universitaire. L’une des critiques des étudiants concernait des enseignements dispensés sous la forme de cours magistraux. Les réformes qui ont suivi avaient pour objet de désenclaver les formations des carcans disciplinaires et de proposer des formations plus ouvertes. Ainsi le ministre Edgard Faure déclare en 1969 : « Il était temps de sortir d’une uniformité rigide qui étouffait l’invention ou la condamnait à la clandestinité. Il est temps que l’on puisse enseigner la même discipline de plusieurs façons différentes et que l’on puisse l’associer à d’autres disciplines en assemblages divers. »

Ces réformes n’abolissaient pas instantanément les corporations disciplinaires mais une brèche était ouverte vers la pluridisciplinarité. Ce processus va mûrir entre les années 1971 à 1973.

L’IAES est l’héritière de tout ce processus