Témoingnage de Monsieur Mathieu Flonneau

Directeur IAES
Texte

L’Institut AES, d’hier à aujourd’hui : Formation miroir des évolutions de l’Etat social

Comme toutes les composantes de notre Université, l’Institut Administration économique et sociale a fêté récemment à sa manière son jubilé. « A sa manière » car le fleuve qui a conduit à cet âge canonique n’a pas été toujours tranquille. Et comment pourrait-il en être autrement ! Cette courte contribution inaugurale vise essentiellement à mettre en perspective les contours d’une formation toujours originale et fière de ses particularités, et surtout à rendre hommage au travail collectif accompli depuis l’origine jusqu’à nos jours, dans des conditions souvent objectivement difficiles, par des personnels administratifs et enseignants mobilisés dans l’espoir d’édifier au quotidien une Université ouverte et exigeante.

C’est donc un honneur et un plaisir d’inaugurer la partie du volume dédié à l’Institut AES, ancienne « UFR 12 » jadis « autonome » certes, mais dont le rôle « à part » est aujourd’hui toujours reconnu au sein de l’Ecole de Droit de la Sorbonne. La contribution collective et plurielle qui suit reflète la diversité des attentes, des uns et des autres, par filières disciplinaires, avec les vicissitudes et les péripéties inhérentes à l’existence d’un collectif humain riche de femmes et d’hommes conscients de contribuer à une construction toujours fragile malgré les piliers institutionnels qui la portent. La sensibilité des affects s’y donne à voir, ce qui dépasse donc un simple historique « statistique » propre à des organigrammes décharnés.

Les expériences toujours enrichissantes, tant dans les succès que dans les difficultés, avec souvent des « années agitées et sous tension » relatées à la suite ne trompent pas : toutes les forces et les efforts de la pluridisciplinarité s’y retrouvent. Comme synthèse minimale mais éclairante, nous pourrions suggérer que se donnent à voir, par les maquettes d’enseignement et au travers de terminologies formelles diverses adaptées aux époques, les déploiements de l’Etat social « à la française », reflet du « modèle français » souvent mis en avant, discuté, disputé mais malgré tout efficient.

Les figures changeantes et les figures du changement se retrouvent donc autour de quelques dates clés et de personnalités fondatrices qui émergent. Les sciences sociales, juridiques et humaines qui y sont dispensées au fil des enseignements magistraux et de travaux dirigés se retrouvent adossées à des laboratoires de recherche souvent à la pointe des innovations pédagogiques et scientifiques, de l’audiovisuel à la sociologie en passant par l’économie, la gestion, l’histoire et le droit. Centrifuges et centripètes, les forces intellectuelles qui y ont été à l’œuvre, ouvertes sur la société en ayant le souci de faire participer les étudiants à l’occasion de stages d’immersion au travail dans la « vraie vie », ont contribué à créer une identité patrimoniale étoffée qu’il s’agit d’entretenir et de valoriser. En effet, le patrimoine est un actif : ces diverses contributions, parfois riches de regrets et toujours porteuses d’espoir, le disent. Il convenait de l’écrire car il s’agit de la base du métier, voilà qui est fait.

Mathieu Flonneau, directeur de l’Institut AES-EDS, été 2023